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Nous vous proposons de retrouver la dernière tribune d’Ariane Olive qui vient de sortir dans Fusions Acquisitions Magazine

 

Amener les entreprises à bâtir et mettre en place le bilan de leur stratégie ESG, tel est l’objectif de la directive CSRD, qui entrera en vigueur à partir de 2024. Un sujet à prendre à bras-le-corps pour les PME, même non encore concernées par cette nouvelle réglementation.

Peut-on encore ignorer l’ESG de nos jours ? Pour les entreprises cotées ou disposant de plus de 250 salariés, la réponse est non. La « Corporate Sustainability Reporting Directive » (CSRD), oblige en effet ces sociétés à mettre en place un reporting à partir de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).

Un véritable changement d’esprit s’impose

Si ces évolutions vont dans le bon sens en matière de développement durable, elles n’en restent pas moins contraignantes. La prise en compte de critères ESG nécessite parfois de repenser des processus fonctionnels, rentables et bien rodés.

Les entreprises pourraient donc être tentées d’agir sans conviction face à ces nouvelles règles pour « cocher les cases » sans remettre réellement en question leurs méthodes de travail. Un comble, alors que tout l’enjeu de la CSRD est justement d’amener les entreprises à démontrer le sens de leur activité ! Or, en optant pour de simples demi-mesures, les entreprises prendront un risque : celui de ternir leur réputation en prêtant le flanc aux accusations de greenwashing.

Toute entreprise gagnera à en faire un tremplin pour repenser sa stratégie, et les équipes dirigeantes auront un rôle majeur à jouer pour impulser ce changement en in- terne.

Les PME dans l’ « étau » de la chaîne de valeur

Les entreprises non-cotées de moins de 250 salariés échappent à ce stade aux fourches caudines réglementaires.

Mais celles inscrites dans des chaines de valeur, de fourniture ou de sous-traitance notamment, qui intègrent des sociétés soumises à la réglementation, se voient contraintes de répondre aux exigences ESG de leurs donneurs d’ordres.

Ainsi, nombre de grands groupes et d’ETI imposent d’ores et déjà à leurs fournisseurs, partenaires et distributeurs de justifier des démarches ESG entreprises, principalement sur le plan social et environnemental.

Au point d’amener de petites sociétés, à revoir en profondeur leurs approches sociales et leurs méthodes de travail : réduction des émissions carbone, amélioration des conditions de travail et recours à des matières premières issues de circuits éthiques.

La filière cosmétique apporte de nombreuses illustrations de ces pratiques : exigences par les grands groupes du luxe quant aux modalités de rémunération et d’avantages des salariés des PME avec lesquelles elles travaillent, bien-être au travail, parité et diversité, traçabilité des matières sourcées et utilisées dans la fabrication, décarbonation des processus industriels etc…

C’est ainsi que nombre de PME mettent en place des plans d’intéressement, des chartes éthiques de diversité et de parité, des chartes de télétravail, font évoluer la gestion de leurs locaux, leurs process industriels…

De la contrainte réglementaire à l’opportunité de l’impact positif

Pour toutes ces PME, les « contraintes » ESG qu’elles n’avaient pas vu venir dans la mesure où la réglementation ne leur est pas encore strictement applicable, doivent être aujourd’hui au cœur de leur réflexion stratégique et opérationnelles si elles souhaitent se main- tenir dans des chaines de valeur à forte valeur ajoutée.

Même s’ils ne sont pas encore suffisamment nombreux, un grand nombre de dirigeants de PME « profitent » de cet état de fait pour se questionner sur le sens de ce qu’apporte leur entreprise au Monde et par conséquent sur leur utilité sociale.

Cette prise de recul, potion magique du passage de l’ESG réglementaire contraignante à une culture d’impact positif de nature à créer un rayonnement et une attractivité, est un facteur clé de succès majeur de la contagion dans l’écosystème des PME de l’impact positif. Celui qui véhicule du sens, prône une cohérence managériale et assure les PME concernées d’une capacité à recruter des talents aujourd’hui si difficiles à attirer.

La France, terre d’impact ?

Cette mutation est d’autant plus souhaitable qu’en matière de responsabilité sociétale des entreprises, la France dispose depuis 2019, d’un corpus légal incitant les entreprises à définir leur raison d’être et à se doter du statut de « Société à mission ».

Aujourd’hui, plus de 1.000 entreprises à mission existent en France et les PME représentent une part grandissante !

Nombreuses sont donc les sociétés françaises d’ores et déjà engagées dans cette logique, mais leur proportion reste infime au vu des objectifs à atteindre dans les années à venir.

Face au renforcement des exigences réglementaires, les sociétés intégrant dès à présent ces enjeux gagneront un temps précieux. Et les retardataires n’auront pas d’excuses, tant les outils se multiplient pour assister les sociétés dans la sélection, le pilotage, la mesure et l’audit des critères ESG pouvant s’appliquer à leur métier.

Nul doute que certaines sociétés s’étant déjà emparées de ces enjeux l’ont fait dans une optique parfois proche du greenwashing ou du purpose washing. Mais la sanction des marchés sera selon nous sévère, tant la cohérence est devenue le critère clé de toutes ces démarches.

La promesse : une meilleure adaptation aux enjeux de demain, une performance commerciale améliorée et une attractivité employeur renforcée.

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