
Clause limitative de responsabilité : validité, limites et jurisprudence
Qu’est-ce qu’une clause limitative de responsabilité ?
La clause limitative de responsabilité a pour but de plafonner la responsabilité d’un cocontractant si celui-ci ne respecte pas l’une de ses obligations contractuelles. Ce type de clause permet d’anticiper les conséquences financières en cas de litige.
Comment fonctionne cette clause ?
La clause est valable par principe, à condition qu’elle soit prévue dans le contrat signé par les deux parties. Ainsi, les parties peuvent convenir à l’avance d’un plafond d’indemnisation, même en cas de manquement.
Cependant, certaines situations peuvent rendre cette clause nulle. C’est notamment le cas en présence de dol ou de faute lourde.
Cas où la clause est jugée valable
1. Acceptation sans réserve du matériel livré
Lorsque le client accepte le matériel sans émettre de réserves et signe le rapport d’intervention, il reconnaît que la prestation est conforme. Dans ce cas, la clause limitative peut s’appliquer.
Cass. com., 22 janvier 2008, n°06.12341
2. Obligation de moyens respectée
Lorsqu’un prestataire est soumis à une obligation de moyens, il doit démontrer qu’il a mis en œuvre les efforts nécessaires. Si tel est le cas, la clause de limitation de responsabilité est valide.
C.A. Chambéry, 4 septembre 2007, n°2007 – 343175
Quand la clause devient-elle inopposable ?
Certaines fautes rendent la clause limitative inapplicable. Voici les principales exceptions.
Dol (tromperie)
Le dol consiste à induire l’autre partie en erreur de façon intentionnelle. Par exemple, un professionnel qui s’engage alors qu’il sait pertinemment qu’il ne pourra pas tenir son engagement commet un dol. Dans ce cas, la clause est écartée.
Faute lourde
La faute lourde révèle une inaptitude manifeste à exécuter le contrat. Elle montre un comportement gravement négligent ou une incapacité à respecter les engagements pris. La jurisprudence rejette l’application de la clause dans ce contexte.
Manquement à une obligation essentielle
Ce cas est le plus discuté. La clause devient nulle lorsqu’elle limite la responsabilité en cas de non-respect d’une obligation centrale du contrat. Les arrêts Chronopost sont emblématiques : le transporteur ne peut limiter sa responsabilité s’il ne respecte pas les délais convenus, car cette obligation est essentielle.
Évolutions jurisprudentielles récentes
La Cour de cassation a récemment admis qu’une clause limitative de responsabilité pouvait survivre à la résolution du contrat.
Cass. com., 7 février 2018, n°16.20352
Dans cet arrêt, la société responsable d’un préjudice a pu limiter le montant de l’indemnisation grâce à une clause contractuelle. Et cela, même si le contrat avait été résolu.
Ce revirement est notable. En effet, huit ans auparavant, la haute juridiction avait estimé qu’une clause ne pouvait pas subsister après la résolution, car celle-ci entraînait l’anéantissement rétroactif du contrat.
Désormais, cette clause peut rester applicable même après la fin du contrat, ce qui renforce sa portée dans les relations commerciales.